Ma critique de « Racailles » de Kery James
Le son commence fort par la voix de l’ex-président de la République sur le « kärcher » en banlieue parisienne (« vous en avez assez, hein ? Vous en avez assez d’cette bande de racailles. On va vous en débarrasser »).
Le populisme en ouverture annonce un Kery James aux paroles guerrières. Il cherche à susciter l’émotion de son public « la rue le pense, j’le mets en musique ».
Le populisme en fil conducteur de ce rap de 6 minutes 47 secondes. Il faut le souligner c’est une rareté cette durée dans ce monde artistique privilégiant le format court et les rimes sans fond et sans sens.
Les partis politiques et leurs représentants en prennent pour leur grade. Décriés et dénigrés, Kery James est sans concession avec eux : « vos programmes électoraux ne sont que des comptines ».
Un artiste amer et désabusé par eux : « je n’soutiens aucun parti, j’marche plus dans vos combines » depuis sa « Lettre à la République ». Populiste, il lance des diatribes sans solution concrète, mais est-ce son rôle ? La question est posée.
Kery James a changé avec « Racailles ». L’erreur est de comparer ce son avec « Hardcore ». Le point commun, c’est la dénonciation des inégalités touchant les prolétaires des banlieues et des campagnes face aux grandes entreprises capitalistes et aux politiques corrompus par ce système.
Il surjoue pour atteindre non pas l’intelligentsia des banlieues des années 80-90 mais la génération actuelle par un discours fort et proche de la rue et du peuple. Les jeunes préfèrent se divertir sur du « rap-pop » plutôt que du rap protestataire.
Cet artiste n’est pas anti-France car derrière ce cri social et sociétal, il fait un appel à la prise de conscience citoyenne de cette « Sous-France » comme dirait Brav (artiste de Din Records). Il fait appel également à la rébellion civique et pacifique par tous les moyens légaux dont l’abstention politique.
Populisme jusqu’à la fin du morceau, il attaque tout le monde, les médias et radios sur la montée du Front national en parlant d’Éric Zemmour ainsi que sur le fait que les musiques contestataires ne sont pas admises les chaines audiovisuelles comme Skyrock à heures de grande écoute. Le hip-hop est considéré par certains comme « de la musique nègre ».
Rien à changer, je ne le pense pas, à l’écoute intégral de « Racailles », deux remarques me viennent à l’esprit, l’une est négative, Kery James n’a pas besoin de tomber dans le populisme pour faire un bon son.
Je regrette qu’il soit dans la facilité artistique de la bonne « punchline » pour toucher le maximum de personnes avec un rap dit « conscient » habitué au « cloud-rap » de PNL (groupe de rap de l’Essonne), du vocoder comme Jul (rappeur des Bouches-du-Rhône), de la « trap » comme Niska (rappeur de l’Essonne).
Enfin, l’autre remarque est positive, « Mouhammad Alix » est un des rares artistes à prôner l’unité sans division ethnique et sociale dans ses textes. Il suscite la controverse de « l’autre-France » conservatrice et raciste. Il titille les corps intermédiaires (associations, responsables politiques, journalistes et société civile) sur leur réelle volonté de changer la vie de nos concitoyens. Il nous rappelle notre passé colonial et guerrier. Il chante le passé et souhaite un meilleur avenir pour tous les prolétaires de notre France.