Mes cinq espoirs rap pour 2024
- Luther
Originaire de Niort, ce jeune rappeur masqué, il a la vingtaine. Il est signé dans le label de Disiz la Peste Sublime. Il a déjà un univers original, sombre et anxiogène. Il le montre bien dans son projet « Garçon » avec son morceau clipé « Alakazam – Blacke & Mortimer ». Et comme ses quelques lignes introspectives du son ALAKAZAM : « Au studio je me sens comme à la casa. Neu-jeu gamin psychotique la dégaine d’Alakazam » ou bien sur BLACKE & MORTIMER : « Tous les matins je m’habille comme si j’allais sortir. Comme si j’allais quitter mon ordi. J’m’abrutis devant Rick et Morty. Mon rythme de vie devient mortifère ». En mars 2024, l’artiste a sorti un nouveau projet « Exit ». Luther est dans la continuité artistique et philosophique ces derniers opus. Il se livre toujours autant, il est toujours aussi poignant et les instrumentales sont de plus en plus lumineuse et un peu plus enfantine et joyeuse.
- TH
Artiste venu tout droit de Bondy en Seine-Saint-Denis, TH est en pleine ascension dans le rap-jeu. Il nous met la pression avec des rythmiques tantôt lentes tantôt énergiques. Il est discret dans les médias et sur les réseaux sociaux mais musicalement il reste très productif. Depuis 2023, TH nous a envoie deux « Signal » avec un univers macabre et marécageux comme dans le morceau BVM: « Les fleurs ont fané, les re-frè ont pris des années. Combien sont jamais rentré. Parce qu’il se sont fait canner ». Dans son deuxième opus « Signal II », je note une évolution notable de son imagerie et dans l’écriture de ses textes comme le montre « ADN ». Le son est mi-cloud, mi-trap. ADN est un ovni musical avec des lignes assez épurées « L’œil des hommes, c’est pire que l’œil du cyclone. Donc j’sors toujours couvert. Que tout le monde se met à couvert ». TH est la révélation de l’année 2024.
- UZI
Issu de Noisiel en Seine-et-Marne, l’artiste a fait un carton en 2021 avec le son « A la Fête » dans son premier album « Cœur Abîmé ». Puis, il enchaîne avec l’excellent projet « Meilleur qu’hier » en 2022 avec des featuring de qualité (Booba, ISK, Timal, Soolking, OBOY et Lynda). J’ai trouvé qu’il est passé un peu inaperçu. Puis, en 2023, il a eu une année « noire ». Enfin, il revient cette année avec un concept projet en plusieurs parties « Sur le Chemin » où nous retrouvons un UZI toujours mélancolique et conquérant avec un zeste de vie de rue. Ainsi, dans le morceau AKRAPO 7 nous éclaire sur son nouveau chemin : « J’ai sorti la tête de l’eau. J’suis en train d’bâtir une carrière incroyable. Qui sont-ils vraiment, gros? J’me remets en croix, faut qu’tu laisses tomber. J’ai repris l’job, mis la combi’ Stone ». Qui pourra le stopper ? Seul l’avenir nous le dira.
- Wallace Cleaver
Rappeur natif de Blois comme un certain Niro, Wallace Cleaver n’est pas un artiste parisien ni dans le style ni dans l’écriture. Cela fait du bien d’avoir des sons avec un univers différent et les histoires de cette France péri-urbaine. Il a sorti deux projets avec un beau succès d’estime « Cauchemar » et « A la recherche du temps perdu ». Le freestyle Grünt 57 en avril 2023 a été un tournant de sa jeune longue carrière (il a commencé très tôt le rap) où nous le voyons agressif, percutant avec des rimes pleines d’émotion. Également, ce freestyle a mis en valeur toute cette nouvelle génération du rap-jeu qui va inonder nos plateformes de streaming tel que Sheldon, Sto, Selug, Keroué, Mairo, Eden Dillinger, M Le Maudit, AnNie .Adaa, Henri Bleu et Kingoss (que je vous recommande à mettre dans vos playlist !). Enfin, en juin 2023, il a enchaîné avec un album « baiser ». Il confirme les espoirs que je peux mettre en lui. Ces morceaux sont introspectifs, torturés, réels, émotifs. Son écriture est impressionnante, technique et riche de mots (et de maux). Comme le son « merci pour la douleur » le montre bien avec ses quelques lyrics personnels de la vie d’un jeune en milieu rural : « La réalité, elle a un drapeau, elle vient en titubant, elle attend juste un coup d’téléphone, mais ya pas d’réseau. Donc on squatte les rues, les champs, les arrêts d’car. J’étudie les pavés d’la ferme de mon grand-père, l’odeur d’la haie d’framboises entre l’prix du silence et l’bruit des moto-cross ». Wallace Cleaver est l’une des étoiles montantes de la nouvelle scène rap !
- Zed Yun Pavarotti
Natif de Saint-Etienne, cet ovni navigue entre plusieurs styles musicaux : cloud rap, le rock, la pop ou encore la trap. Il a déjà plusieurs projets à son compteur : Grand Zéro (2018), French Cash (2019), Beausigne (2020), Encore (2023) et Encore (Maximale Edition – 2024). Zed Yun Pavarotti est un être multifacette, talentueux et mélancolique tout comme les artistes de sa génération. Quatre morceaux ont retenu mon attention : Papillon, Lalaland, Velours et House car nous observons la mutation d’un jeune rappeur à un artiste tout terrain qui quitte petit à petit le rap-jeu pour la « pop ». Egalement, il parle beaucoup de sa condition de « pauvre » et de sa quête de l’amour « suprême » dans ses sons. Enfin, Zed Yun Pavarotti produit avec ses morceaux, avec une richesse lyrique formidable et des instrumentales au croisement entre le cloud rap et de la « pop » comme de son dernier opus « Encore ». C’est un artiste que je vous invite à écouter sans préjugé ! Je vous laisse avec ces quelques lignes : « Cette soirée est belle, on a des gueules d’outre-tombe. Comme les magiciens s’inquiètent, je sors des grosses liasses du chapeau ». C’est un extrait du son « Les amis s’endorment mais s’aiment encore ».
Slimane Tirera, fondateur du média « Les 100 Voix »
