A 25 ans. Djigui Diarra, le natif de Grigny est la persévérance incarnée. Un bac littéraire en poche, il suit une formation de 2 ans et demi au sein de l’EMI ( Ecole des métiers de l’information ) et termine actuellement sa 3ème année de journalisme, Djigui Diarra est sur tous les fronts. En 2015, il intègre le programme de la Fémis « La Résidence » où il a pu réaliser son court-métrage. « NA TOUT POUR ELLE ». Portrait.
Qu’est-ce qui t’a donné cette envie de faire du cinéma ?
Mon envie de faire du cinéma est là depuis que je suis tout petit, j’avais pour habitude de regarder des films de Kung Fu chinois, taïwanais, et hongkongais des années 70-80 avec mon père. J’ai très vite développé l’envie d’être acteur et de raconter mes propres histoires. Plus tard, le film Yamakasi de Luc Besson a définitivement assis mon envie de cinéma. Entre temps, j’ai commencé à prendre des cours de théâtre et à jouer dans des pièces telles que Hamlet ou le malade imaginaire.
«En voyant mes aînés à l’écran, je me suis dit que si eux l’ont fait, moi aussi je peux en être capable si je travaille dur »
« Na tout pour elle » a été réalisé dans le cadre de la résidence à la Femis, qu’est ce que ça fait d’avoir accompli ce travail au temple de l’apprentissage aux métiers du cinéma ?
Réaliser mon premier court métrage professionnel au sein de la Fémis, est une grande fierté pour moi. J’ai vite pris conscience de la chance que j’ai eue d’être au sein de cette école. Beaucoup de gens pensent qu’en arrivant dans ce genre de « temple », le plus important est de se faire le plus de contacts possible, moi ce n’était pas mon cas s’il n’y a pas d’humain dans les relations, ça sert à rien.
J’ai réussi à intégrer cette école, dès lors chaque cours, chaque personne ( de l’étudiant au grand réalisateur ) m’a fait bénéficier directement ou non de son expérience et je m’en suis inspiré, j’ai pris tout ce qui pouvait m’être bénéfique et ai rejeté le reste.
Les personnes amoureuses du cinéma avec qui le feeling est passé, m’ont accompagné au sein de cette aventure. Je me suis entouré de personnes passionnées, afin que je puisse réaliser le film qui me convient le plus. Je me suis bien armé pour faire ce film.
Beaucoup de gens comptaient sur moi, c’était comme un challenge. Je voulais me prouver que j’étais apte à mener ce projet jusqu’au bout. Je savais que ça allait être compliqué étant donné que je suis réalisateur et acteur de ce film, mais le pari a été tenu grâce à ma magnifique équipe. Ces soldats de l’ombre qui me soutiennent et qui sont responsables de l’aboutissement de ce projet.
Quel est le message que tu veux faire passer ?
J’ai voulu faire passer plusieurs messages qui ont une grande importance pour moi. Principalement un hommage aux mères de familles, plus particulièrement celles vivant en banlieue. De leur amour, a notre encontre. Dans ce film, j’ai voulu montrer le sacrifice symbolique d’un fils pour exaucer le dernier souhait de sa mère : mourir au Mali.
Ce court-métrage, était pour moi une certaine manière aussi de montrer la ville de Grigny sous un autre angle. J’ai voulue ainsi redorer le blason de ma ville, et faire un contre-pied de ce que pensent certaines personnes sur Grigny s’abreuvant des mensonges que peuvent véhiculer certains médias.
Mon Grigny à moi, c’est des gens qui se démènent comme pas possible pour subvenir aux besoins de leurs familles, et pouvoir construire un avenir radieux pour eux et pour ceux qu’ils aiment. Mais aussi montrer la force de la femme africaine : forte, courageuse et tout cela dans la difficulté. Je pense notamment à ma mère.
« Le cinéma français a une image erronée de la femme noire à savoir folle, furieuse sauvageonne, amazone du 21ème siècle. Alors que la majorité sont dignes et respectables, ce film est un cri d’amour. »
C’est pour toutes ces raisons que le film a beaucoup plu, il a été fédérateur, au delà de l’origine socio-culturelle. Il n’est pas parfait, on continue à apprendre. L’apprentissage du cinéma ne connait pas de fin.
Quel conseil voudrais-tu donner aux jeunes voulant se lancer dans le cinéma ?
Cela me gêne de donner des conseils alors que je suis qu’un « bébé » dans ce domaine. Mais si je peux me permettre de donner quelques conseils : La passion, la sincérité et d’écouter son coeur, pour ma part quand on respecte ceci, cela se voit dans un film. Avoir le sens du sacrifice et de la détermination pour aller au bout du projet. S’éduquer de toutes sortes de connaissances qui peut-être bénéfiques pour vous, limite adopter une attitude d’érudit. Et surtout ne laisser personne vous décourager, croire en soi c’est important ( possible de douter mais pas trop ! ). Et pour finir, ne pas attribuer de confiance absolue à qui que ce soit. Rester focalisé sur votre objectif.