Kevin Boucaud-Victoire auteur de « La Guerre des Gauches »
1- Pourquoi ce livre maintenant ?
J’ai commencé à écrire « La Guerre des Gauches », un an avant la présidentielle. L’Union des Gauches avec le programme commun de 1974 avec François Mitterrand et les communistes a vécu. Jusqu’en 2007, la Gauche avait un ennemi parfait pour assurer son unité : Nicolas Sarkozy. Mais très vite, l’élection de Hollande met un terme à cette unité.
J’ai observé l’effondrement du Parti socialiste dès septembre 2012 avec le reniement de renégociation sur le TSCG (le traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance au sein de l’Union économique et monétaire) par François Hollande.
Le précèdent quinquennat par la voix de Manuel Valls a théorisé les deux Gauches irréconciliables. Pour ma part, j’en vois trois : la gauche libérale, la gauche socialiste, la gauche radicale. On pourrait ajouter que du côté de la Gauche de la Gauche, le débat fut intéressant mais il a été masqué par la campagne du candidat de « La France Insoumise » Jean-Luc Mélenchon.
2- Pourquoi écrit sur la gauche française et non sur la droite française ?
Parler des Gauches est naturel. C’est le camp auquel je m’intéresse. Depuis longtemps, je remarque que les Gauches s’entretuent pour le titre de la « vraie » gauche (le parti socialiste n’est pas socialiste etc…).
A droite, le politologue René Rémond a fait presque l’unanimité avec « Les Droites en France ». A Gauche, c’est la désunion entre les différents intellectuels. Dans mon livre, je cite Michel Winock « La Gauche en France ». Je me retrouve aussi dans « Les Gauches françaises » de Jacques Juillard.
3- Que pensez-vous d’Emmanuel Macron ?
Il est héritier de la gauche libérale inspirée par Michel Rocard et par la séquence qui s’ouvre au PS en 1983, avec le tournant de la rigueur et la « parenthèse libérale », qui ne sera jamais refermée..
La deuxième gauche est celle de l’économie de marché, qui abandonne la question sociale et reste de gauche grâce aux questions sociétales avec un cocktail antiraciste, LBGT et féministe. Emmanuel Macron a rassemblé son camp : le libéralisme. Il a fédéré les libéraux de deux rives ceux de gauche et ceux de droite. Il a réconcilié le libéralisme avec lui-même.
4- Sur quelle trajectoire notre échiquier va-t-il se diriger ?
J’analyse 3 pôles centraux. Le premier est central. Il est celui de la mondialisation, de l’Union européenne, du capitalisme et du libéralisme. Le second c’est le Front national, les néo-réactionnaires et les identitaires. Le troisième est la gauche radicale incarné par la France Insoumise.
Les deux partis traditionnels que sont Les Républicains et le Parti socialiste sont pris en tenaille entre d’un côté pour la droite classique Emmanuel Macron et le Front national et de l’autre côté le Parti socialiste avec La République en Marche et la France Insoumise.