Focus sur le Selfmade Man Dahood Simon
1- Pouvez-vous présenter le concept du « Selfmade » ? Es-ce du vécu ?
C’est un concept de vie que l’on ne choisit pas forcément à la base. C’est souvent notre destin qui est ce qu’il est qui nous force à devenir des Selfmade man/woman.
On n’a pas tous la chance d’avoir un papa PDG à La Défense donc quand on est confronté aux difficultés de la société française du XXIème siècle on ne peut que compter sur soi-même. Au final être un « Selfmade » c’est ne rien attendre des autres.
C’est aller au bout de ses rêves par la force de sa foi et par ses propres moyens. Même si on n’a pas grand-chose au départ…
Moi par exemple je suis le plus grand looser de l’histoire de la Vème république. Ça fait 10 ans que toutes mes tentatives pour devenir journaliste se soldent par des échecs. J’ai raté tous les concours des Écoles, j’ai même essayé ces conneries de Fondation pour la « promotion de la diversité » dans les médias…. Voyant que ma place était à la marge du système bah je l’ai contourné en me formant sur le terrain.
J’ai appris à tourner, cadrer, monter dans mon coin et en développant des concepts de documentaires avec le meilleur des terreaux qui puisse exister : le 93. Si tu as une bonne intention au départ et que t’es droit avec les gens que tu filmes, tu découvres une richesse énorme en termes de réalisation audiovisuelle. J’ai donc fait ma formation en mode « Selfmade » à Aubervilliers, Montfermeil, Sevran…
2- « Dans l’Ombre de la Cage », pourquoi faire un documentaire sur les arts martiaux mixtes (MMA) ?
Il y a 3 ans je me lance un ultimatum: Ce projet devait être ma dernière chance dans le monde du journalisme, soit je perce, soit je raccroche les gants…J’ai eu un diplôme de sciences politiques et je me retrouve vendeur de kebab, j’étais au fond moralement.
Un ami de Sevran, Samba Camara, avec qui j’ai fait ma fameuse « formation » dans le cadre d’un concept de web série m’a parlé des combattants de MMA qu’il y avait sur Sevran. J’ai fait des recherches en regardant des vidéos et en suivant leur parcours. Et je me suis retrouvé dans leur vécu. Les mecs ont des rêves pour eux et leurs proches et malgré le statut ultra précaire d’athlète de MMA en France, ils ne lâchent pas.
Directement je le suis lancé dans ce projet car j’ai trouvé en eux un ensemble de valeurs à mettre en lumière. Ajoute à ça l’esthétique visuelle qu’il y a dans les sports de combat… J’avais mon projet!
Après 2 ans de tournage, un ancien formateur me donne le mail du rédacteur en chef de la radio Mouv’. J’envoie un dossier et des Readers pour leur proposer le truc mais sans vraiment y croire. Le mec me répond dans la demi-heure en me disant que oui ça l’intéresse! Bingo j’avais la lueur d’espoir que je cherchais depuis des années. Enfin….
Le projet est bouclé et il sort le 1er juillet sous forme de plusieurs épisodes diffusés durant tout l’été chaque vendredi à 18h (https://www.facebook.com/ombre.cage/?fref=ts).
3- Militez-vous pour la reconnaissance du « MMA » en France ? Quelles sont les forces et les faiblesses de ce sport ?
Je ne suis ni un militant de la cause, ni un pratiquant. Je suis simplement un mec un peu paumé dans sa vie qui a trouvé dans les athlètes que j’ai suivi un puits de poésie urbaine que je voulais mettre en image. Tout simplement. Je ne suis pas un spécialiste du MMA j’insiste là-dessus.
Concernant le MMA et sa condition actuelle, si la discipline peine à être reconnu ici c’est en partie, et ça n’engage que moi, en raison des égoïsmes de certains et des divisions entre clubs… Ajoutez à ça les grosses fédérations des autres sports de combat qui bloque le passage avec notamment des déclarations stigmatisantes.
A l’image de Mr Rouge, le président de la fédération de judo qui a déclaré que le MMA était un nid de « djihadistes ». Vous avez tout ce qu’il faut pour ralentir l’émergence de la discipline.
4- Êtes-vous pour d’autres causes ?
J’ai eu un passé militant et associatif. Jusqu’au jour où je me suis rendu compte que les méthodes de ce milieu étaient à des années lumières des enjeux actuels. Ils sont restés dans les années 80 avec le mégaphone et les manifs…
Aujourd’hui le travail ne se fait pas dans la rue mais dans nos foyers. Éduquer ses enfants pour en faire une force pour la société est le combat majeur pour les années à venir.
Enfin chacun doit faire un travail dans son domaine de prédilection : l’audiovisuel, la politique, l’art, la littérature, le sport… Apporter sa pierre dans tous les secteurs de notre société. C’est la et seulement ici que réside le combat des années à venir… Le reste c’est de la course à l’échalote.