Interview de Sophie, woofeuse en France.

Pour beaucoup le « wwoofing » se résume à un bon moyen de partir à l’étranger sans se ruiner, pourtant d’autres profitent de cette expérience dans leur propre pays, par amour du métier ou de la région. C’est le cas de Sophie qui nous raconte son expérience.

Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Sophie, j’ai 23 ans et je viens de terminer mes études de droit de l’environnement après un parcours classique en droit à la fac.

Pourquoi as-tu décidé de faire du wwoofing ?

J’ai toujours été attirée par la vie à la ferme. Bien qu’ayant grandi en ville, j’ai eu l’occasion de faire les moissons plusieurs fois avec mon père. Les secteurs de l’agriculture et de l’environnement m’intéressent particulièrement et j’adore travailler dehors. Mon but en faisant du wwoofing était donc totalement de participer à la vie et au fonctionnement d’une ferme (en particulier, d’un élevage) afin de découvrir la plupart des aspects quotidiens de cette activité. Je n’ai pas cherché à avoir des « vacances gratuites » en faisant le minimum d’efforts pour aider ! Mais j’ai quand même pu découvrir une région magnifique par la même occasion.

Pourquoi en France ?

Justement car mon but n’était pas de découvrir un pays étranger mais vraiment de découvrir le fonctionnement d’une ferme. Il est vrai aussi que j’ai cherché un wwoofing un peu au dernier moment et que logistiquement et financièrement, il m’était plus simple de chercher en France. Mais la France est dotée de régions absolument magnifiques qui n’ont rien à envier à certaines régions de pays étrangers ! J’ai pu découvrir les Cévennes, les gorges du Tarn et la causse Méjean, qui m’ont bien plus dépaysées que certaines autres régions d’Europe.

Et une fois encore, le but premier du wwoofing devrait être de partager la vie quotidienne des hôtes, et en second lieu de visiter les alentours, mais ce ne devrait jamais être les vacances gratuites ! Ce n’est absolument pas respectueux des fermiers qui nous accueillent, tout comme les hôtes qui exploitent les wwofeurs ne devraient pas non plus être tolérés.

Qu’est ce qui t’a plu ?

J’ai fait un wwoofing de trois semaines/un mois en chèvrerie bio, qui faisait également camping avec des yourtes. J’ai adoré le lieu et le rythme de mes journées, le fait de me lever tôt et, un jour sur deux, de partir balader les chèvres toute seule pour les faire paître pendant trois heures le matin. On n’a pas toujours l’habitude de se retrouver seul(e) pendant plusieurs heures sans rien faire de particulier, et surtout sans écran ! Ça fait vraiment du bien, et puis j’emmenais quand même un livre pour m’occuper un peu. J’ai adoré pouvoir profiter de la nature, mais j’ai également appris à faire du fromage, à traire les chèvres, à les nourrir…mêmes les tâches « ingrates » comme nettoyer les lieux ou les faisselles à fromage passent assez bien puisqu’elles font partie du cycle de production de la ferme, il faut les faire de toute façon, donc on les fait !

Les apéros avec les clients du camping étaient aussi super sympas, ainsi que les siestes dans les hamacs, la yourte qui me servait de chambre avec une stagiaire , le chien adorable… Et les visites magnifiques de la région (une des plus belles de France que j’ai pour l’instant visitées) !

Est ce que quelque chose t’a déplu ?

Peu de choses, si ce n’est que le contact avec le fermier était un peu particulier, il n’était pas souvent là et nous étions un peu « lâchées » toutes seules avec nos tâches quotidiennes. Parfois on avait l’impression de faire tourner la ferme toutes seules ! Mais ça ne m’a pas vraiment dérangée, c’était plus gênant pour la stagiaire qui avait besoin de poser des questions pour son rapport de stage.

On s’habitue assez vite aux petits inconvénients, les milliards de mouches sur notre peau et dans notre assiette, les bêtises des chèvres à réparer, le fait d’être sale dès le début de la journée et ce jusqu’au soir alors qu’il fait très chaud…et du coup les siestes de l’après-midi où on est tout sale et où les mouches viennent nous embêter !

Est-ce que tu voudrais repartir ?

Mille fois oui ! Un peu n’importe où, j’aimerais tester un peu à l’étranger, voir les paysages écossais en gardant des moutons, par exemple, mais aussi en France, j’aimerais apprendre à gérer un potager, notamment, mais également soigner à nouveau des animaux, et pas forcément d’élevage.

Une grande surprise durant ton séjour ? quelque chose qui t’a étonné ?

Pour le coup, ma plus grande surprise ne concernait pas la vie à la ferme, mais vraiment la région, que j’ignorais être aussi dépaysante et merveilleuse ! Notamment les gorges du Tarn et surtout la Causse Méjean totalement désertique.

En second lieu, je dirais l’attachement aux animaux dont je m’occupais au quotidien. Je ne m’étais jamais autant attachée à un chien (je n’en ai jamais eu), il m’a réellement manqué ! C’était génial aussi de voir que les chèvres, que je ne reconnaissais pas et qui ne me connaissait pas au début, m’ont de mieux en mieux écoutée et suivie au fil des jours. Je connaissais leurs prénoms et leurs particularités, elles me suivaient parfaitement lors des balades (ça fait bizarre, le premier jour, quand on t’envoie toute seule avec 48 chèvres et 2 boucs au milieu des fourrés en dénivelé, j’ai vraiment cru que j’allais tous les perdre) ! Il y a eu un réel attachement, plus qu’avec les poneys et les ânes que je devais simplement nourrir. Du coup, c’est bizarre de se dire que ces chèvres (qui semblait réellement heureuses et bien traitées) vont finir à l’abattoir, et ce dès qu’elles ne produisent plus assez de lait pour être rentables…D’autant plus lorsque l’on se pose des questions sur le végétarisme et le végétalisme, on a un peu l’impression d’être schizophrène du coup ! C’est pour ça que la prochaine fois, j’aimerais tester le wwoofing en production végétale et non animale, avec plutôt des animaux de compagnie laissés en liberté.

 

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