NewVo fait le portait : Julie Dénès
1- Pouvez-vous vous présenter et votre association « les berceaux de la Francophonie » ?
Je m’appelle Julie Dénès. Je suis une passionnée, une indignée, une tête dure bretonne. Juriste chevronnée et pluridisciplinaire, je suis à 36 ans le résultat de rencontres et d’expériences qui font de moi ce que je suis aujourd’hui : une femme accomplie qui n’a rien à prouver. Mes premières expériences professionnelles ont eu lieu dans le monde associatif. J’ai ensuite intégré l’Armée de Terre en tant qu’officier juriste. C’est en quittant l’Armée fin 2014 que mon projet associatif est né.
L’Association « les Berceaux de la Francophonie » est le résultat d’une expérience personnelle vécue sur les bancs de la fac à Brest au début des années 2000. En rédigeant le projet, je me suis rendue compte que les problématiques rencontrées par mes amis à l’époque étaient toujours les mêmes près de 15 ans après : coût de la vie, logement et démarches administratives principalement. Ces étudiants, qui représentent pourtant de potentiels partenaires économiques pour la France voire de futurs chefs d’État, sont souvent broyés, découragés, dévalorisés ce qui peut provoquer l’abandon du projet professionnel. C’est du gâchis ! Et du gâchis pour tout le monde. L’association a donc été créée pour repenser la mobilité des talents francophones en termes de richesses partagées et ainsi redynamiser l’espace économique francophone. C’est pourquoi, l’association a décidé d’accompagner les étudiants francophones en France jusqu’à la concrétisation de leur projet professionnel en travaillant avec les partenaires pertinents pour mettre en place de vraies solutions (parrainage, information, recherche de stage, salon de l’emploi, etc.).
2- D’où vient ce combat pour une nouvelle francophonie ?
En créant le projet, la francophonie est apparue comme une évidence, le lien qui nous a unis sur les bancs de la fac. Je me souviens d’un étudiant gabonais qui m’a dit un jour : « Tu sais Julie, moi je rêvais de la France, du pays des Lumières et des droits de l’Homme. » Quelle désillusion ! Pourtant, la langue, les valeurs, l’Histoire, notre Histoire nous rassemble. Et puis cette question, qu’est-ce que la francophonie ou plutôt que signifie être francophone ? Au sein de l’association, nous avons trouvé des réponses à nos questions mais aucune de satisfaisante. Alors, nous avons décidé de repenser la francophonie et l’identité francophone à travers la mobilité des talents francophones d’où le terme de « Berceaux » représentant un lieu de naissance, de création et de quiétude. C’est bien de cette francophonie dont il s’agit, celle des francophones, celle du peuple, celle qui, loin d’occulter le passé, nous permet d’avancer et de créer ensemble une aire francophone inclusive, innovante et responsable. D’ailleurs, comme le disait Sony Labou Tansi à propos de la francophonie : « Je crois que le temps de regarder l’avenir est venu ».
3- C’est quoi pour vous la mobilité dans l’espace francophone ?
Une richesse. Une des clés de la diffusion des valeurs francophones, de la langue française, un vecteur de développement économique et de partage des compétences dans l’espace francophone. La mobilité est une chance de faire grandir l’espace francophone, de l’enrichir. Si on ne se rencontre pas, on ne s’apprend pas et on ne se comprend pas. Loin d’être un appauvrissement, avoir des étudiants en mobilité sur son territoire est un atout à tous les points de vue et notamment économique. Pour rappel, en France, l’apport économique annuel des étudiants internationaux a été évalué à 1.7 milliards d’euros.
Pour les étudiants, la mobilité est synonyme d’opportunité professionnelle. C’est aussi une expérience de vie, une mise à l’épreuve, j’oserais même dire un parcours initiatique dont on se remet ou pas, d’où l’intérêt d’être guidé (En 2015, deux étudiants algériens se sont suicidés).
4-Que représente selon vous les étudiants étrangers dans vos projets en France ?
L’avenir. Ces étudiants internationaux représentent la cible de nos projets, le cœur de notre action. Nous avons choisi de nous intéresser à l’individu francophone dans toute sa diversité : son histoire, ses origines, sa culture, ses projets. Ils sont aussi acteurs de l’association dès lors que nous avons au sein de notre Conseil d’Administration plusieurs étudiants en mobilité nous permettant d’avoir un meilleur retour d’expérience et d’être au plus près des préoccupations de notre cible. Et je peux vous confirmer qu’ils représentent une véritable plus-value et une richesse pour l’association.