Captain Kid : « Chaque chanson doit avoir sa vie propre »

Presque quatre années se sont écoulées depuis son premier album, 67 Songs. Avec X or Y, Captain Kid nous invite à l’évasion avec ses 13 morceaux, à la croisée de la pop et de la folk. Nous l’avons rencontré.

L’ambiance pop-folk est dominante dans ton album. Pourquoi avoir choisi cette atmosphère ?

« Dans les morceaux, ça reste une base folk. Mais cette fois, j’ai eu envie de les étayer, dans faire un côté un peu plus moderne. En fait, ce qui a fait la véritable différence avec le premier album, c’est que ce coup-ci j’avais mon propre studio pour pouvoir travailler et passer autant de temps que je voulais pour faire des expériences, triturer les sons dans tous les sens […] pour essayer d’aboutir à une forme finale d’un morceau.

Dans ce processus de création, en partant bien souvent d’un piano-voix ou d’une guitare-voix, les morceaux ont été transformés. Certains se sont très éloignés de leur racine folk initiale, d’autres sont restés plus proches avec des éléments un peu aériens, comme des cuivres ou des sons de cordes. Après, ce sont de toute façon des chansons qui sont chantables en piano-voix ou guitare-voix, parce que c’est ça la base, et elles le demeureront toujours.

Pour moi, un bon morceau doit pouvoir être chanté avec trois fois rien, avec le minimum. Et si le morceau tient la route comme ça, a priori, il y a peu de chance qu’il se casse la gueule si on rajoute des trucs ».

Considères-tu ton album comme un roman avec des chapitres ?

« Non, je crois que c’est un album assez hétéroclite, où il y a plusieurs styles qui peuvent être abordés. Comme je disais dans la question précédente, il y a toujours cette base pop-folk commune à tous […]. Chaque chanson doit avoir sa vie propre. Les albums que j’aime le plus, ce ne sont pas des albums conceptuels, ce n’est pas l’album d’un son en tout cas. Après il y a des albums géniaux qui sont comme ça, bien définissables.

Je pense que sur cet album-là [X or Y, Ndlr], il va falloir sans doute un peu de temps aux gens qui l’écoutent pour la première fois à réussir à faire le lien entre tous les morceaux, pour que malgré tout, cela reste homogène, et que ce soit l’œuvre d’un artiste. […]

J’avais envie que cela reflète tout ce que je sais faire. Ce n’est pas une démonstration de force évidemment, sinon, ce ne serait pas intéressant ».

Quelles ont été les collaborations pour ce deuxième album ?

« Hormis la composition, il y a des gens qui sont intervenus à toutes les autres étapes du disque, que ce soit pour le mix, les musiciens, etc. Chacun, à tour de rôle, venait amener sa touche.

Quand j’ai commencé l’album, je ne me suis pas dit qu’il allait sonner de telle ou telle manière. Il s’est construit en le faisant tous les jours, en allant au studio. Parfois, on avait des extraits non gardables, mais faut en passer par là aussi pour y arriver.

Je suis content d’avoir fait participer plusieurs gens. En plus, je ne suis pas d’une nature travailleuse, j’ai besoin que l’on me pousse aux fesses. […]. Ce n’est pas que je ne suis pas motivé, mais j’ai la formule du binôme, que j’adore, pour travailler. Disons que je me fatigue plus vite tout seul ».

Pour rebondir sur cette formule du binôme, avec quel artiste aimerais-tu collaborer ?

« Il y en a plein, ne serait-ce qu’en France. Sur les disques que j’ai adoré ces derniers temps, il y a celui des Innocents que j’ai trouvé incroyable, qui est un chef-d’œuvre pour moi. Je crois que Keren Ann sort un nouvel album bientôt : j’ai tellement aimé son dernier album, je suis curieux d’entendre le prochain.

Après, je suis naturel, je ne vais pas facilement vers les gens. Je ne sors pas beaucoup de chez moi, je ne vais trop aux concerts, dans les soirées. Je ne connais pas grand monde en fait : je ne vais pas dire « Tiens, untel, c’est un pote, on va faire un truc demain ensemble ». J’ai mon petit cercle de musiciens, d’amis, qui sont toujours les mêmes plus ou moins. Après, si on me présente quelqu’un qui peut apporter quelque chose que je cherche en particulier, bien sûr, j’essaierai de travailler avec lui.

Souvent, dans les collaborations, il n’y a rien de spontané. C’est plutôt un deal entre maisons de disques […], avec des intérêts marketing et moi, je ne suis pas trop bercé là-dedans. Après, je n’ai rien contre les gens qui sont de vrais professionnels de la musique et qui savent bien se vendre ».

Le jeu de mots que tu as choisi pour le titre de ton album, X or Y, m’a fait pensé à celui de Coldplay X and Y. Référence volontaire ou fortuite ?

« C’est complétement fortuit. L’album était fini depuis longtemps quand j’ai enfin trouvé le nom. Je ne me suis pas pressé à trouver un titre. Je voulais vraiment laisser le titre venir à moi. Et quand je l’ai trouvé, j’étais hyper content, et il y a un pote qui m’a refroidi en disant « Ah ouais ? Il y a un album de Coldplay qui s’appelle comme ça ! ». En fait, je n’ai pas voulu changer. Les albums qui ont le même nom, il y en a plein. J’espère que les gens me croiront de bonne foi quand je leur dirai que je n’ai pas piqué le titre.

J’aimais beaucoup Coldplay à une époque, mais je n’écoute plus maintenant. Je n’aime pas beaucoup comment a évolué leur style. Ils ont intéressants : le chanteur est hyper charismatique. C’est devenu un groupe de stade en fait. Avant, il y avait ce côté intimiste qui me touchait plus. Désormais, ce sont vraiment des énormes productions, taillées pour les stades. Je me sens moins proche de ça.

Ce que je veux dire, dans le cas de Coldplay, les morceaux sont composés en fonction des endroits dans lesquels ils vont les jouer. Et à mon avis, ce n’est pas comme ça qu’il faut procéder. Quand j’écris mes morceaux, je ne me dis pas que 2 ou 3 d’entre eux sont composés dans l’espoir qu’ils passent à la radio ou que d’autres me permettent de toucher un public différent. Je ne calcule pas trop ».

Tes titres We & I et X or Y forment comme une paire, de par le choix de trois simples syllabes. Il y a-t-il une parenté entre ton premier et second opus ?

 « Je n’avais pas pensé à ça. En fait, We & I avait déjà une place à part dans le premier album, parce que c’est un morceau qui a été enregistré avant et ailleurs que le reste des morceaux. Il devait aller sur l’album et être enregistré en studio comme tous les autres. Il a connu le succès qu’il a connu. Du coup, on a essayé de le réenregistrer avec des orchestrations différentes, mais le fait de le retravailler, il avait perdu de son charme.

Concernant X or Y, je ne ferais pas une parenté direct entres les deux. Mais en tout cas, il y a un thème qui suit, qui fait le lien entre les deux albums : ce sont les mathématiques. Chacun a sa propre explication du titre : certains parlent du genre, d’autres des chromosomes. En l’occurrence, pour moi, c’est plus un jeu de mots sur les raisons « X ou Y » et surtout les inconnues mathématiques. C’est quelque chose qui me fascine de loin la poésie des chiffres et les formules mathématiques ».

Tu es plutôt festival ou concert en salles ?

« Je n’ai aucune préférence. Disons que les concerts en salle permettent une acoustique plus maîtrisée. Le festival, si c’est en journée, le jeu de lumières apporte moins. Je crois beaucoup à ce concept de salle sombre avec juste la lumière versée sur la scène et le public qui est dans le noir. Après, on se rapproche de ça en festival quand le concert est de nuit. Je respecte tellement le métier d’ingénieur du son et le travail incroyable qu’ils font : si je devais renaître demain, j’espère faire ce métier-là.

En tant que public, je préfère voir les concerts dans de belles salles avec des belles acoustiques : c’est plus maîtrisé, cela rend davantage hommage aux groupes et aux ingénieurs sons. Après, le plaisir de jouer est toujours le même ».

Pour toi, l’alchimie d’un concert se base-t-elle sur le triptyque artiste – salle de concert – public ?

 « Je n’ai pas beaucoup réfléchi à la question. Quand je vais voir un concert, tout ce qui m’importe, c’est la musique. C’est de voir un groupe qui joue bien. Je m’en fous que le mec nous fasse des speechs entre les morceaux. Cela ne me dérange pas que l’artiste fasse la gueule et ne partage pas beaucoup avec le public. Après, je sais que la plupart des gens ne sont pas comme ça : ils vont à un concert et sont contents lorsque le chanteur est souriant, agréable, avec des danses et des blagues entre deux titres, etc.

Je ne suis pas un bon référent pour ça, je suis même un peu mal à l’aise quand le gars essaie d’en faire un peu trop. Dans un concert, je fais passer avant tout la musique. […] Ce n’est pas grave s’il y a des erreurs techniques, je ne suis pas un « ayatollah » de la musique. […] L’essentiel, c’est l’émotion qui passe pendant les morceaux ».

Clémence Rougetet
Clémence Rougetethttp://www.clemencerougetet.com
Journaliste et photographe mariée à son Canon EOS 5D Mark II. Passée par Gala.fr, Libération et Images Magazine.

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