Il fut un temps, quand New VO Radio n’était alors qu’une radio et que la Minute Kulture n’était qu’une émission parmi tant d’autres (on dirait que je commence un conte de fée, loin de là…) j’avais écrit un article sur les destructions de Mossoul, Palmyre et Hatra.
La semaine dernière, j’ai acheté le Beaux-Arts Magazine et c’est dedans que j’ai appris la mort de Khaled Assaad le 18 août dernier. J’en fus bouleversée.
Personne ne sait qui c’est, et pourtant c’était un grand homme. Pendant 50 ans, Khaled Assaad a dirigé le site de Palmyre, site qui est maintenant sous l’emprise des djihadistes. Il est mort pour avoir défendu le patrimoine syrien.
L’Etat islamique l’a exécuté, décapité. Il avait 82 ans. Ses bourreaux ne sont pas gênés par la suite pour exposer le corps en pleine rue. Des photos ont circulé sur les réseaux sociaux. J’en ai vu une, j’aurais mieux fait de fermer les yeux. Jusqu’où sont-ils capables d’aller ? Une pancarte attachée au corps de la victime « l’accuse » d’être un partisan du régime et surtout, d’avoir été le directeur des « idoles » de Palmyre, car c’est avant tout ça qui les dérange.
Khaled Asaad avec son chapeau, en 1977 sur le chantier de restauration du mur d’enceinte du théâtre à Palmyre (archive de la famille Asaad)
Source : archeorient.hypotheses.org
Je me permets de partager de nouveau ma chronique, qui est toujours d’actualité, car le massacre continue… Leur dernier « exploit » ? La destruction à l’explosif du temple de Baalshamin, un des joyaux de la cité antique de Palmyre.
Destructions Mossoul, Palmyre et Hatra
Bonjour tout le monde, bienvenue dans la Minute Culture. Aujourd’hui nous allons aborder un sujet sérieux et qui me tient à cœur : la vague de destructions et de pillages dont Mossoul, Palmyre et Hatra ont été victimes.
Le 26 février dernier, les djihadistes ont détruit d’importantes collections d’art préislamiques conservées à Mossoul en Irak. A cela s’ajoute également la destruction de milliers de documents et de livres anciens. Ainsi que la destruction d’une mosquée du 12e siècle au plein cœur de la ville, peu de temps après.
Pour certains, ce ne sont des objets, des papiers ou des vestiges, je peux le concevoir. Ces actes criminels ne parlent pas à tout le monde. Et pourtant le djihadistes en faisant ça ont détruits des trésors de l’histoire de l’humanité. Ce sont des trésors du Patrimoine Mondiale. Ça devrait tous nous toucher.
La directrice générale de l’Unesco, Irina Bokova a condamné cet acte criminel et dès le lendemain de ce saccage une réunion de crise du Conseil de sécurité des Nations Unies a été organisée. Irina Bokova, rajoutera même dans une lettre que, « Cette attaque est bien plus qu’une tragédie culturelle » Le secrétaire général de la Ligue arabe, au Caire, quant à lui a qualifié la destruction de ces trésors antiques d’« agression barbare contre le patrimoine du peuple irakien ».
Ces objets, détruits par l’organisation djihadistes car ils favorisaient selon eux l’idolâtrie, ont suscité l’indignation générale. Du Metropolitan Museum au Louvre, de François Hollande au Pape François, tous qualifient cet acte d’intolérable brutalité.
Et pour légende : Des torrents de larmes de crocodiles se répandent dans les médias et sur les tréteaux de la scène politique internationale quant au sort des ruines de Palmyre la gréco-romaine.
Source : metatv.org
Mais le massacre ne s’arrête pas là. Alors que le monde entier condamne ces destructions à Mossoul, le site de Palmyre voit désormais son prénom dans la liste du Patrimoine Mondiale en péril. Et cela à cause des conflits au Proche-Orient.
La guerre n’épargne pas la culture, et face à tant de victimes, la sauvegarde du patrimoine architectural n’est pas une priorité.
La cité antique de Palmyre, après Mossoul s’est vue pillée et saccagée par les hommes et leurs armes.
Et pour bien en rajouter une couche, je sais que j’ai déjà plombé votre morale, au début du mois de mars, les vestiges de la cité assyrienne de Nimroud (située dans le nord de l’Irak) ont été pillés et détruits au bulldozer par des djihadistes. Achevez-moi. Nimroud était la capitale de l’empire assyrien, empire le plus puissant du monde connu à cette époque.
Cette destruction est survenue une semaine après la diffusion de la vidéo du saccage de Mossoul. A croire que c’est la mode de tout détruire.
Pour finir, le lendemain du saccage de Nimroud, c’est autour d’Hatra d’être pillée. Hatra, située à 110 km de Mossoul est une grande ville fortifiée de l’Empire parthe, faisant parti du Patrimoine Mondiale de l’UNESCO.
Le 6 mars, Fleur Pellerin, notre Ministre de la Culture et de la Communication s’est exprimée suite au saccage de la cité assyrienne de Nimroud.
Elle résume bien ce qui est important à retenir : il s’agit d’un patrimoine universel, et s’attaquer à ces villes historiques gorgées d’histoire, c’est s’attaquer à l’Histoire en elle même et à la Connaissance avec un grand C. Tout le monde devrait se sentir concerné.
Voilà une chronique quelque peu différente, où je pousse un gros coup de gueule même si cela ne sert à rien, j’avais juste envie de partager mon indignation avec vous. La culture appartient à tous, et c’est à nous de la préserver.
La citation du jour :
« Il ne suffit pas de partager un patrimoine commun, encore faut-il vivre dans le même monde » Edwy Plenel
Destructions des trésors antiques de Mossoul
Palmyre, victime de la guerre culturelle
Article intéressant, le patrimoine mondial et les guerres à lire ici
Destruction des vestiges de Nimrud à lire ici
Hommage à Khaled à lire là