Esprit d’Ebène – une association multiculturelle et polyvalente

« Esprit d’Ebene est une association à but non lucratif de loi 1901 créée en 1998. Avec les années, c’est devenu une association à résonance internationale. Multiculturelle, elle se veut être un pôle de diversité, de création, d’échange, de vivre ensemble. » 

C’est ainsi que se définit l’association parisienne Esprit d’Ebène, basée dans le quartier de la Goutte d’Or. Cette association polyvalente et multiculturelle organise régulièrement des actions liées à la culture, la santé et à l’emploi des jeunes dans toute la France, mais aussi à l’international. Nous avons interrogé les membres d’Esprit d’Ebène, afin d’en savoir plus sur leurs initiatives et de vous les faire découvrir.

Pourquoi avez-vous décidé de monter cette association ?« A l’époque, nous avions fait un constat très simple : parfois, les jeunes des quartiers avaient du mal à trouver un stage, une formation ou un travail à cause de leurs origines. Ils étaient victimes de discriminations. Aussi, notre objectif principal est d’accompagner l’insertion sociale et professionnelle des jeunes, en partenariat avec des entreprises et des institutions. L’association assure ainsi la production d’événements citoyens, d’actions culturelles et événementielles, qui permettent justement à ces jeunes d’accéder au milieu professionnel ».

Quelles sont vos actions ?

 » Depuis la création de l’association, nous défendons différents types de causes et actions :
◦ Actions sanitaires et culturelles à travers les expositions PaluArt et plus récemment la campagne de lutte contre la dépigmentation de la peau.
◦ Actions sportives.
◦ Actions professionnelles à travers du mentorat et du coaching de jeunes en recherche d’emploi ou créateurs d’entreprises.
◦ Actions diasporas avec l’organisation annuelle notamment de l’élection Miss Mali France. »

Pourquoi avez-vous décidé d’agir auprès des jeunes en priorité ?

« Les jeunes sont l’avenir de notre société. Pour agir et œuvrer en faveur de la société, il nous semble logique de nous adresser en priorité à cette population.  »

On voit que vous agissez sur plusieurs domaines tels que la culture ou la santé, quel est l’intérêt pour l’association et pour les jeunes d’agir sur autant de domaines ?

« L’art est l’ADN même d’Esprit d’Ebène. A sa création, la majorité des membres de l’association étaient issus du monde de l’art. Il s’agissait de gens issus de la mode, de la photographie, de la réalisation, du journalisme et de l’art urbain entre autres.

Nos actions liées à la santé partent de nos sensibilités respectives, en faveur d’une prévention et une lutte contre certains fléau tels que le paludisme ou la dépigmentation de la peau et ses conséquences néfastes sur la santé. Ce sont des thèmes différents, mais clés en matière de développement. Nous nous y positionnons afin de prendre part – à notre échelle – à l’amélioration de nos sociétés. »

Nous avons entendu parler de votre campagne « Stop dépigmentation » sur les réseaux sociaux, pouvez-vous nous en parler ? En quoi est-ce important pour vous de sensibiliser le public aux enjeux sanitaires ?

« Le projet part du constat qu’aujourd’hui encore, nous observons que des femmes, des hommes, de tout âge et de toutes catégories socio-professionnelles ont recours à la dépigmentation artificielle de la peau. L’objectif est donc de sensibiliser les populations africaines, asiatiques et maghrébines de France aux dangers liés à cette pratique, car ils existent bel et bien. Au-delà de cette démarche sanitaire et sociale, nous souhaitons conduire le public à prendre conscience que la beauté est plurielle et qu’être « bien dans sa peau » passe par l’acceptation de soi. En somme, cette campagne se veut être un plaidoyer en faveur de la peau naturelle.Résultat de recherche d'images pour "stop dépigmentation"

La campagne s’articule autour d’un plan d’affichage métro, démarré en décembre 2017, complété par une présence sur les réseaux sociaux et l’organisation d’ateliers de proximité au sein des centres de santé, centres sociaux et autres lieux dédiés aux jeunes.  Des instants de discussion seront prévus lors de nos ateliers d’échanges avec le public, afin de donner la parole à tou.te.s. Ils seront accompagnés de témoignages écrits et vidéos de personnes ayant recours aux produits dépigmentant, qui ont accepté de partager leur expérience avec nous. Un court-métrage a été réalisé afin de servir de support à l’ouverture du débat, ainsi qu’un fascicule informatif qui sera remis à l’issue de toutes nos sessions d’échange.

Pour conclure cette campagne française, l’association organisera un forum qui résumera l’ensemble des échanges, rencontres, témoignages, retours, photos et chiffres récoltés. Il servira de point de départ à un plaidoyer en faveur d’une meilleure représentation de toute la population française dans les médias, le milieu de la mode et les instances représentatives. »

« Nous souhaitons réellement amener à prise de conscience que notre couleur de peau fait partie de notre identité et donc la changer, c’est se dénaturer soi-même. Acceptons-nous tels que nous sommes car notre peau est précieuse. »

Si vous deviez choisir, quels préjugés vis-à-vis de la dépigmentation choisiriez-vous de déconstruire ?

« Tout d’abord, sachez que cette campagne s’adresse aux femmes ET aux hommes mais surtout à toutes les populations, pas uniquement noires qui ne sont pas les seules à recourir à cette pratique. Ce projet tend à déconstruire l’idée reçue installée dans la conscience des femmes et des hommes de couleur, selon laquelle l’usage de produits éclaircissants et donc avoir une peau claire est une arme de séduction et un signe d’intégration. »

On sait aujourd’hui que les hommes et les femmes prennent des risques plus ou moins grands vis-à-vis de leur santé pour être « beau », pourquoi avoir choisi de vous pencher sur la dépigmentation en particulier ?

Résultat de recherche d'images pour "stop dépigmentation esprit d'ébène"« La pratique de la dépigmentation de la peau a des conséquences néfastes sur la santé. On sait aujourd’hui qu’elle entraîne des risques de brûlures, de démangeaisons, d’infections, de vergetures, voire de cancer de la peau. Nous avons estimé que ces risques étaient suffisamment grands pour en parler à grande échelle. De plus, au-delà de la santé, cette problématique nous emmène à nous interroger sur la société et ses standards qui poussent indirectement des personnes à vouloir s’y conformer, quitte à se mettre en danger. »

D’autres campagnes de la sorte sont-elles prévues ?

« Nous prévoyons d’autres campagnes d’affichage à Marseille, Lyon, Orléans et Strasbourg à partir de fin 2018 si tout va bien. Nous aimerions également pouvoir atteindre le continent africain, dans un premier temps à travers une campagne de communication à grande échelle, puis nous alerterons des pays comme la Côte d’Ivoire et le Ghana afin d’arriver à l’interdiction des mauvais produits. »

On arrive à la fin de cette interview, quelles sont vos actualités en ce moment ? Un petit mot pour la fin ?

« Une campagne de crowndfunding a été lancée il y a quelques semaines en faveur de notre projet. Cette campagne, mise au point avec l’aide de l’agence de communication Solicom, sert à compléter le financement du dispositif de communication au niveau national et international. Nous en appelons donc à tous les donateurs sensibilisés à cette cause.

Pour participer il suffit de se rendre sur le site d’Helloasso. En parallèle, nous fêterons cette année les 20 ans de l’association, restez connecté à notre site www.espritdebene.com pour de belles surprises à venir ! »

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