On a (tous) besoin d’un fantôme

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Article du Lundi, et aujourd’hui on parle littérature. Ah, et sortez les mouchoirs, c’est pas mon article le plus rigolo …

Mettons-nous dans le contexte …

En 1943, un petit juif de 13 ans, nommé Hanus Hachenburg, se retrouve dans un camp de concentration. Il sera assassiné l’année d’après à Birkeneau. Pendant ces années d’enfermement, il écrit une œuvre théâtrale, retrouvée de nos jours, soixante et un an après sa mort et intitulée On a besoin d’un fantôme. C’est une pièce de théâtre, qui était de base une pièce pour marionnettes.

Ça parle d’un roi qui veut absolument que tout le monde pense comme lui, et martyrise ses sujets en inventant un fantôme d’Etat. Il a une garde rapprochée, les Saucissons Bruteaux qui arrêtent tous les sexagénaires afin de leur prendre leurs ossements. A la fin tous ces os doivent permettre de fabriquer le fantôme. Le tout écrit avec un humour noir et beaucoup de références historiques.

On a besoin d’un fantôme paraît en 1943 dans le journal Vedem qui était une revue clandestine tenue par les enfants dans ce camp de concentration.

terezin_vedemPhoto : www.radio.cz

 

C’est Claire Audhuy, étudiante strasbourgeoise qui a trouvé le manuscrit. Depuis la pièce a été montée, puis publiée aux éditions Rodéo d’âme. La publication est soutenue par la Fondation pour la Mémoire de la Shoah. La préface est écrite par un rescapé de Tezerin, et un ami d’Hanus Hachenburg. Rodéo d’âme permet de comprendre l’œuvre avec des explications, une préface, une remise en contexte historique et également en publiant des poèmes et des dessins de l’enfant.

hanus-hachenberg

Ce que j’en ai pensé…
C’est drôle, un peu déroutant, profondément touchant. Il n’y a pas vraiment « d’histoire » en soi, on dirait que les mots sont un peu mis au hasard. Mais il ne faut pas oublier qu’elle a été écrite par un gamin de treize ans (essayer de faire mieux !) et que c’est un très beau témoignage de l’enfer qu’il vivait. Et comme quoi, même dans les pires moments, où la barbarie est à son paroxysme, la meilleure échappatoire, c’est l’Art. A méditer …

 

Citation du jour
« Ecrire, c’est s’exiler  » Linda Lê 

Anaïs MONTREAU
Anaïs MONTREAU
Historienne de l'Art Animatrice culturelle pour le NewVO Show et rédactrice pour la rubrique Kulture du site. Parisienne, amoureuse de l'Art et de la bière.

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Comments

  1. Il n’y a pas de hasard dans cette lucidité et dans tout le sous-texte de l’écriture d’Hanus Hachenburg, pas non plus de « hasard dans l’ordre des mots ». Ici on parle des SS, de l’extermination des juifs et de la délation, mais avec un registre ironique, parodique et ubuesque.
    Hanus Hachenburg réussit la prouesse de dire l’indicible et de nommer l’innommable, tout en parvenant à se rire de lui-même et à faire rire ses camarades de déportation.
    Un grand auteur à découvrir.

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