NOTRE-DAME-DES-MISSIONS D’EPINAY-SUR-SEINE
Après avoir visité le musée du Quai Branly puis le musée de l’histoire de l’immigration je programmais une visite dans une église à seulement quelques pas de chez moi.
UN PASSIF COLONIALISTE ET IMPÉRIALISTE DONT NOUS AVONS TOUS HÉRITÉ
Notre-Dame-des-Missions, propriété du diocèse de Saint-Denis-en-France est le principal vestige du pavillon des Missions catholiques érigé « à la gloire de la conquête missionnaire de l’Église catholique à travers les pays et les siècles ».
Notre-Dame-des-Missions est un héritage direct de l’exposition coloniale internationale qui s’est tenue à Paris pendant six mois en 1931. Qui se veut le reflet de la puissance coloniale de la France dans les colonies, montrant les bénéfices de l’assistance et du rôle déterminant dans la mission « civilisatrice » de la Nation française que présente la colonisation pour l’économie française.
Plusieurs écrivains dont Paul Éluard, René Char, André Breton, Louis Aragon attaquent frontalement l’Exposition coloniale, qu’ils décrivent comme un « carnaval de squelettes », destiné à « donner aux citoyens de la métropole la conscience de propriétaires qu’il leur faudra pour entendre sans broncher l’écho des fusillades ». Ils réclament « l’évacuation immédiate des colonies », et la tenue d’un procès sur les crimes commis.
C’est en ces termes que Notre-Dame-des-missions a été reconstruite à l’identique à Epinay-sur-Seine, proche des banlieues rouges de Seine-Saint-Denis et du Val d’Oise où sont implantés les quartiers d’ouvriers communistes exprimant des convictions anticolonialistes. Le parti colonial voulant combattre les communistes sur leur propre terrain durant les années 1930.
Comme lors de cette fameuse exposition on peut “faire le tour du monde en un jour“ selon le slogan de l’époque en découvrant ses fresques murales qui font penser à celles qu’on peut voir au musée de l’immigration.
L’église présente une diversité de styles, le revêtement extérieur rappelle la terre rouge de l’Afrique équatoriale avec une façade de pagode chinoise ressemblant aux églises du vietnamiennes couverte d’idéogrammes chinois empruntés aux litanies de la vierge et à l’art d’extrême orient ; s’y ajoutent des parties bouddhiques, fétichistes et africaines relevés aux extrémités par des séraphins à la place des Nagas laotiens. Le clocher de 37 mètres ressemble à un minaret où surplombent quatre statues hautes de sept mètres et aux visages qui représentent Les Quatre races : blanche, rouge, jaune et noire.
Le 14 juin 1994, l’église Notre-Dame-des-Missions est classée « Monument historique » et entre dans le patrimoine historique et artistique de la France.
Parce que comme dirait Fabe se rappeler est le meilleur moyen d’éviter le retour des erreurs. C’est le témoignage d’une partie majeure de la triste histoire de France, un passif colonialiste et impérialiste dont nous avons TOUS hérité d’une manière où d’une autre (cf. https://youtu.be/6TTmVnm-HJ4).
Manela Vesaphong
Photos by #ShootbyAlma
